GUTORA (choisir)- INTORE
GUTORA (choisir) – INTORE (champs prélevés, choisis, nus mais défrichés)
— Comme ci-dessus, les autorités politiques ont le droit de prélever des lopins de terres de culture dans les terrains de leurs sujets. C’est la pratique du « gutora » = choisir un champ (intore), un seul par famille.
— Gutora, c’est aussi le droit en vertu duquel le roi, les chefs et les souschefs peuvent prélever des pâturages dans les bikingi privés. Les mêmes autorités ont le droit de faire paître leur bétail dans les jachères des cultivateurs et par priorité. En tant que patrons fonciers, en y ajoutant tous les Tutsi bénéficiaires d’ibikingi, ils ont le droit de prélever des champs dans les tenures agricoles de leurs clients fonciers. Enfin, n’importe quel Tutsi bénéficiaire d’igikingi possède le droit de pacage dans les jachères de ses clients après récolte.
Mais GUTORA est aussi une « coutume par laquelle le gouvernement indigène (au sens large et propre à la société rwandaise) envoyait ses gens dans les bananeraies de ses sujets marquer, puis couper les régimes nécessaires à son ravitaillement, ainsi qu’à celui de sa suite ». Cette coutume sera abolie par l’autorité européenne en 1924, mais en fait elle a subsisté à son abolition « légale » jusqu’aux jours qui ont immédiatement précédé la révolution.
INYARULEMBO.
D’après BOURGEOIS, « Inyarulembo est un massif comportant plu sieurs centaines de ménages destinés à fournir la main-d’œuvre nécessaire au chef de province et aux gens de sa maison. Le chef se faisait représenter à la tête de ce petit commandement par l’un de ses clients… Les autorités indigènes, ajoute l’auteur, au sein de ces terres personnelles disposant du droit, comme tout particulier, même après leur destitution, d’opérer des concessions de terres à des clients qui relevaient d’elles à titre strictement personnel et qui continuaient à en dépendre, même après toute cessation de fonctions officielles ».
Ainsi pour BOURGEOIS, INYARULEMBO est en même temps une unité administrative et un domaine privé. Ce point de vue que nous partageons parce qu’il est conforme aux faits qui sont d’ailleurs de fraîche date, n’est pas celui de KAGAME. Pour lui, INYARULEMBO n’est que la « propriété privée du sous-chef » en matière de pâturage.
IKIRARO.
C’est « UBUGERURE ou INYARULEMBO dont le détenteur a réservé une part permanente pour son bétail » (499) •
INTEBU : « signifie un champ aménagé saisonnièrement dans un terrain libre »
La caractéristique fondamentale de cette pratique saisonnière est l’instabilité. « Une année, c’est dans telle zone, l’année suivante dans telle autre zone différente et ainsi de suite. De ce fait, l’occupant saisonnier de tel lopin n’acquiert aucun droit. Si deux années plus tard on revient dans la zone mise en jachères, personne ne réclame la superficie exacte qu’il avait précédemment occupée »
IBISIGATI : « terrain à culture en jachère après récolte du sorgho, maïs, manioc ».
IBIKORERA : « Terrain de culture en jachère après récolte de petits pois ou de haricots ».
UMUGUTU : « morceau de pâturage se situant entre les champs ».
UMUZINGA-KIRAGO (plur. : ABAZINGA-KIRAGO) : « signifie une personne venant d’une autre localité (avec tous ses effets) et sollicitant la concession d’un vaste espace de pâturages. UmuzingaKirago devait payer une vache au sous-chef. Ce dernier le mettait en possession d’une étendue de terrain sollicité. Le bénéficiaire qui est par principe grand propriétaire de vaches, procédait à l’installation d’autres personnes à l’intérieur de sa propriété. LA CONCESSION DU MUZINGA-KIRAGO EST EGALEMENT APPELEE IGIKINGI. LE DETENTEUR EXERÇAIT SUR LES GENS ETABLIS DANS SA PROPRIETE LA MEME AUTORITE QUE CELLE DU CHEF OU DU SOUS-CHEF ».
Une définition presque identique est donnée par KAGAME dans son Code : « Le Mututsi qui obtient la propriété de pacages par occupation se dit UMUZINGA-KIRAGO (solliciteur portant bagages). Les hommes qu’il installe dans sa propriété dépendent de lui et le sous-chef de la localité ne les commande pas directement ».